Arrêter de couper les cheveux en quatre et autres histoires capillaires

Légèreté

 

(Écrit le lundi 16 Octobre 2017)

Faire du contenu sur youtube implique de montrer sa gueule. Parfois, c’est facile, d’autre fois, cela me paraît insupportable. En ce moment, je n’arrive pas à montrer ma tête. Je veux même en changer.

Il y a trois jours, je me rends chez un ami (Jache), nous déjeunons ensemble. Après le repas, je vois que la lumière est belle et spontanément, je lui demande si je peux faire quelques photos de lui. Il accepte, très facilement et avec enthousiasme. Il faut savoir que pour lui, il est difficile d’être pris en photo : systématiquement, lorsque l’appareil est braqué sur lui, c’est lui qui se braque. Mais voilà, tout s’est fait très vite et il n’a pas eu le temps de se « conditionner » (négativement s’entend). Je regarde les photos avec lui. Nous les trouvons très belles. Son visage est détendu, c’est assez incroyable. Des après-midi entiers à essayer de le photographier, sans aucune photo correcte. Visage crispé et yeux exorbités. Là, en à peine vingt minutes de prises de vue, quatre jolies photos. Une très jolie récolte. Dans cet élan, je me souviens que cela fait un moment que je veux participer au casting du salon de coiffure « Cut by Fred ». Pour ce faire, il me faut trois photos de moi : une de face, une de profil et une en pied. Je ne suis pas coiffée, pas maquillée, je n’ai pas beaucoup dormi, mais tant pis ! Je demande à Jache si il est d’accord pour me faire ces trois photos. Il accepte. En dix minutes, me voilà avec mes photos. Dans la foulée, j’envoie ma candidature, pensant ma chance si infime, qu’aussitôt la candidature envoyée, je l’oublie.

Il faut dire que cela a toujours été un petit fantasme pour moi, de me faire complètement relooker par un coiffeur professionnel. Le rêve du « avant » / « après » où l’on te rend méconnaissable pour toi et ton entourage. La grande transformation, le changement de tête radical. Le « Waouh, c’est vachement mieux ! »

Je ne vais chez le coiffeur qu’une fois par an. Cette personne a moins de vingt minutes pour te couper les cheveux, il faut donc que tu dises vite ce que tu veux, ou que tu montres une image de la coupe que tu veux. En général, la coiffure que tu trouves bien sur l’image ne tient pas à la coupe en elle-même, mais au brushing, c’est-à-dire à quelque-chose que tu seras incapable de reproduire quand tu te retrouveras toute seule chez toi. Ton imaginaire ne te permet pas, capillairement parlant, de savoir ce qui serait bien pour toi, pour la forme de ton visage. Alors te voilà sur les sites à essayer de déterminer le type de coiffure qui sublimerait la forme de ton visage, révélant sa beauté. Tu découvres, ébahie, que pour comprendre les coupes qui te vont, il faut que tu parviennes à déterminer quelle est la forme de ton visage : rond, ovale, carré, triangulaire. Déjà, je suis paumée. Le haut de mon visage est plutôt rond, mais le bas est carré. Foutue à ce stade. M’adressant à Jache : « Tu trouves que mon visage est carré ?

-Mais ça va pas ! Il n’y a pas plus rond! ».

Voilà, opération de relooking annulée.

Il y a deux ans pour mon anniversaire, j’avais voulu m’adresser à un bon coiffeur pour lui demander des conseils et lui donner carte blanche pour mes cheveux. J’avais googlé : « meilleur coiffeur paris ». Je prends rendez-vous, le type me dit que je peux passer à 15H. Super ! Toute guillerette, je m’y rends, le pas sautillant. J’attends une bonne heure sur le fauteuil avec les magazines. Un peu long…

« Alors toi, ce qu’il te faut c’est un beach waves !Tu as les cheveux plats au niveau des longueurs donc il faut apporter des boucles pour redonner du volume.  » Ok ! Je fais confiance ! Mais combien cela va me coûter ? 80 Euros ! Waouh ! Grosse somme d’argent, mais je ne vais chez le coiffeur qu’une fois par an et j’ai très envie de changer de tête. J’accepte donc. Deux coups de ciseaux (ma coupe de cheveux ne change pas) puis le type m’enroule les cheveux dans des bigoudis qu’il asperge d’un produit malodorant. Et je dois rester comme ça une bonne heure. L’enfer. Je commence à avoir des crampes et l’odeur est vraiment dérangeante. Pendant ce temps, il coiffe deux personnes en même temps et répond au téléphone. Quand enfin, il décide de me libérer des bigoudis, shampoing. Face au miroir, c’est l’horreur. Je ressemble à un caniche. J’ai envie de pleurer. Il me sèche les cheveux. J’essaie de faire bonne figure. Je me dis : « Comment ce type peut être répertorié dans les meilleurs coiffeurs de Paris » ? Au moment de payer, il me demande 150 Euros !!!!!! Bah oui, 80 pour le beach waves et 70 Euros pour la coupe !!! Quoi ?! Pour ces deux coups de ciseaux minables ? L’arnaque est totale. Le ton monte. J’ai envie de le buter. Mais je paie (que pouvais-je faire d’autre ?) Je suis affreuse pour ma soirée d’anniversaire. Mes cheveux sont restés bouclés pendant 6 mois.

Cela a été ma seule et unique expérience de « relooking ». Par la suite, je n’ai plus que demandé bien sagement à ce que l’on ne me coupe « que ce qui est abîmé ».

Sur le canapé, je lis : « En finir avec Eddy Bellegueule », Lola ronronne sur mes genoux. Je suis prise dans ma lecture, je ne pense à rien d’autre et encore moins à la candidature que je viens d’envoyer pour l’atelier « Cut by Fred ». Mon téléphone sonne. Un numéro de portable inconnu. Habituellement, je ne décroche pas, mais là, je suis curieuse. « Bonjour Marina, c’est P. chargée du recrutement casting pour l’atelier Cut By Fred ! » Je manque de tomber du canap. Mon coeur s’accélère. Je vire Lola de mes genoux et je me redresse un peu : « Ah ouii, oui bonjour ! »

Bref, j’ai rendez-vous mercredi pour qu’un coiffeur talentueux s’occupe de mes cheveux pendant 3 heures. Ça n’est qu’une histoire de cheveux et c’est assez superficiel. Mais qu’est-ce que cette superficialité me fait du bien en ce moment. Mon petit fantasme de transformation va se réaliser ! Et j’ai hâte !